D’après « Colline » de Jean Giono (Ed Grasset)
pour flûtiste et récitant
Premier roman publié par le provençal Jean Giono, « Colline » est un récit qui décrit la vie quotidienne des travaux des champs dans la montagne de Lure. D'une intrigue assez simple surgit une forte dramaturgie.....
L’œuvre de Jean Giono, et plus particulièrement « Colline » me ramène à mes propres origines.
D'origine provençale, petit-fils de berger du Luberon, proche de la montagne de Lure où se passe l'action, je ne pouvais qu'être attiré par cette œuvre et souhaiter m'installer dans cette belle histoire...
C’est un véritable hommage à la nature méditerranéenne provençale, à ses odeurs, ses couleurs, mais aussi sa force pouvant être source de dramaturgie.
Rationalité, magie, mysticisme sont savamment amalgamés pour donner à la nature le rôle d’un être vivant : « la chair de la terre, le sainfoin saignant sous les oliviers… ». L’auteur fait parler les animaux tout comme la source, le vent…
Les éléments naturels et leurs déchainements sont assimilés à des personnages maléfiques, diaboliques : « taureau fouetté d’herbes », et, parlant de l’incendie : « sous ses pieds, on entend craquer les os de la garrigue…. »
La notion de son est toujours présente, avec, pour accentuer la dramaturgie, le poids donné au silence.
Comme dans bien des cas, le texte contient sa propre musique.
C’est cette confrontation avec la musique des mots qui m’a toujours passionné depuis de nombreuses années et m’a ainsi entraîné à composer plusieurs opéras et de nombreuses œuvres vocales
Pour pénétrer l’univers de Jean Giono, j’ai choisi de développer la composition autour du personnage de « Janet » qui est à la fois le narrateur mais aussi au centre d’une dramaturgie forte mettant en scène la nature, belle, magnanime, sauvage, cruelle….La flûte ( le flûtiste) représente un peu l'entourage du bavard Janet qui agace son entourage par ses bavardages mais qui est aussi respecté car il représente la mémoire du village, il sait beaucoup de choses, il connait les secrets....
A l’idée d’un paysage sonore, l’écriture de la flûte se veut simple, comme narrative, usant pour cela de sons rappelant un univers pastoral grâce à quelques objets sonores joués par le flûtiste ou le narrateur.
La mise en valeur et le soutien du texte sont donc recherchés.
Mais, de façon cadentielle, l’écriture de la flûte se veut aussi violente, à l’image de la dramaturgie.
Bien que contenu dans le cadre d’une écriture musicale de type « duo », le rapport texte musique est traité, mais une grande liberté ou plus exactement autonomie, est donnée au texte. La construction de certains moments musicaux est confiée à la perspicacité du duo flûtiste / récitant, de façon à ce qu’ils puissent fixer une interprétation commune.